L’histoire de l’ergonomie
La genèse de l’ergonomie (1945-1963)
La reconstruction des pays européens après la guerre est sûrement l’élément déclencheur qui a scellé la fondation de l’ergonomie centrée sur l’activité. En effet, alors que l’industrie se développe après la guerre, la recherche de gains de productivité devient une préoccupation importante pour pouvoir assurer la compétition avec les États-Unis. Dans ce cadre, les européens se tournent dans un premier temps vers les récentes théories américaines d’E. Mayo, de Maslow et d’Herzberg sur les motivations et les besoins de l’Homme. Toutefois, les européens francophones ne sont pas convaincus par ces théories et constatent leurs limites. Le choix est alors fait d’améliorer les conditions de travail pour accroître la productivité.
Par exemple, en France, on voit la mise en place d’une législation qui organise la médecine du travail, la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles et la représentation des travailleurs dans les entreprises, en particulier dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité.
Dans le monde de la recherche, on voit la même effervescence : Rey, en Suisse, développe une structure de recherche et d’action dans l’industrie horlogère ; Cazamian, en France, crée un centre d’ergonomie minière, Wisner, en France également, crée le Centre de recherche pour l’amélioration du confort et de la sécurité des véhicules chez un grand constructeur automobile ; Coppée, en Belgique, crée un centre d’Ergologie à Liège, etc.
Dans ces différents pays, suite à des contacts avec l’Ergonomic Research Society anglaise créée en 1949 par Murrel et des rencontres dans le cadre de diverses manifestations scientifiques internationales sur le travail, huit universitaires de France, de Belgique et de Suisse et un haut cadre du Ministère du Travail français créent en 1963 la Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF) pour promouvoir l’Ergonomie dans les pays de langue française.
Les débuts de l’ergonomie (1963-1970)
L’histoire de l’apparition de l’ergonomie, il faut bien comprendre que celle-ci s’est créé par rapport à l’existant, en l’occurrence l’ergonomie anglo-saxonne (on utilise volontiers le terme de Human factors pour la désigner). De ce fait, contrairement à l’ergonomie anglo-saxonne, qui se pratique en laboratoire et vise à produire des normes, l’ergonomie francophone est une ergonomie centrée sur l’analyse de l’activité en situation de travail.
Dans les années 60, les ergonomes cherchent à répondre à plusieurs problèmes tout en essayant de préciser ce que c’est que de faire de l’ergonomie. Sortir du laboratoire pour mener ses études sur le terrain, ok, mais comment ? Qu’est-ce que c’est que cette nouvelle discipline ? Est-ce une science, une technique ou un art ? Faut-il restreindre son champ d’action à l’amélioration des moyens matériels du poste de travail ou l’étendre à l’organisation du travail ? Comment faire pour tenir l’équilibre dans l’action entre protéger la santé des travailleurs et accroître la productivité ?
L’évolution de l’ergonomie, soit jusqu’au développement d’entreprises telles qu’Option Ergonomie, sera le sujet de notre dernier article sur l’histoire de l’ergonomie.