L’ergothérapie au profit de la réadaptation sociale et professionnelle
Une histoire de cas pour illustrer l’apport de l’ergothérapie en contexte de douleur chronique et de problématique reliée à la santé mentale …
Madame Barré (nom fictif) venait de débuter un nouvel emploi lorsqu’elle s’est blessée au travail. Les diagnostics de TCC léger et d’entorse cervicale sont acceptés à la CNESST. Madame a été mise en arrêt de travail et suivie par son médecin et sa psychologue. Elle a bénéficié d’un suivi en physiothérapie qui a été cessé en raison de l’augmentation des douleurs alléguées par Madame à la suite des traitements. Un an post événement, son médecin me la réfère en ergothérapie.
Lors de ma première visite, les rideaux sont fermés et les lumières sont éteintes, car Madame mentionne que la luminosité lui cause des maux de tête. Elle rapporte prendre son bain une fois par semaine, rester souvent en pyjama et cuisiner peu, ce qui était auparavant un loisir pour elle. Elle identifie des douleurs généralisées à l’ensemble du corps qui sont augmentées dès qu’elle bouge, avec des étourdissements, un manque de force et un faible niveau d’énergie. Elle présente une mobilité générale limitée et utilise un déambulateur, alors que son loisir principal était les soirées de danse entre amis avant l’accident. Madame habite avec son conjoint, mais fréquente peu de gens depuis son accident et identifie l’écoute de musique comme sa seule activité signifiante. Elle sort de chez elle seulement le samedi pour accompagner son conjoint à l’épicerie.
Son conjoint effectue des heures supplémentaires au travail pour pallier la diminution des revenus du couple et il accomplit la majorité des tâches d’entretien du domicile, car Madame n’est plus en mesure de les accomplir.
Madame verbalise de la tristesse, de la frustration et de la colère face à sa condition et mentionne se sentir inutile en raison de son incapacité à compléter ses activités habituelles, soit l’entretien de sa personne, du domicile et son travail.
Le pronostic de retour au travail à court et moyen terme est faible. L’objectif du suivi en ergothérapie est d’augmenter la participation occupationnelle et la qualité de vie de Madame.
Dix suivis hebdomadaires ont été réalisés à domicile, comprenant :
- L’enseignement de techniques de respiration et de gestion de stress et le suivi de leur intégration au quotidien ;
- Le suivi de l’horaire occupationnel et l’établissement d’objectifs quotidiens de réactivation ;
- La recommandation d’aides techniques optimisant le fonctionnement et l’autonomie à domicile ;
- L’éducation quant aux principes de réactivation en présence de douleur chronique et quant au respect des limites.
Bien que son fonctionnement demeure sous-optimal et qu’elle requiert de l’aide à domicile, la condition globale de madame Barré est significativement améliorée à la fin du suivi en ergothérapie. Elle s’active davantage à la maison, ce qui tend à démontrer une augmentation de ses capacités physiques, telles que la force globale et l’endurance. Entre autres, elle prend sa douche et s’habille aux 2 jours, prépare des repas simples, marche 5 à 10 minutes seule à l’extérieur et danse parfois quelques minutes avec son conjoint dans le salon. Elle ouvre également les rideaux de son logement chaque matin.
Madame maintiendra les stratégies mises en place et le suivi en psychologie sera poursuivi selon ses besoins. Le suivi en ergothérapie pourra être repris lorsqu’un retour au travail sera envisagé afin d’encadrer et orienter ce dernier.